Le moule contraint la matière et limite le souffle à un calibre prédéfini. Le verre conserve en son centre le souffle du verrier. Le verre prend toute la place qui lui est accordée, mais pas plus. Comme le poumon dans la cage thoracique.
J’ai tourné une forme en terre avec une ouverture assez étroite pour y coller ma bouche sans fuite d’air. Doucement quand je souffle, la terre se gonfle, le vase se tend et s’arrondit. Quand mes poumons se vident, le sien se remplit. Après l'avoir gonflé j'inspire l'air dans le pot et le souffle se vide, le poumon est pressé. Je recommence, souffler, vider, souffler, vider. J’impose une respiration artificielle à la porcelaine, jusqu'à épuisement.
J'ai vu ce que ça fait de ne pas marcher quand on est poumon.
« Une indienne Pueblo […] imitait de sa voix le tintement d’un récipient bien cuit pour que son ouvrage n’échoue ni n’éclate à la cuisson. »
Un vase à la panse gonflée, ronde
Comme un poumon rempli d'air.
Puis une courbe progressive qui le resserre
Jusqu’au sommet, étroit
Tunnel trachée.
Inspiration
Expiration
Une valse à deux temps
Un rythme decrescendo
L'espace est faible, il s’amenuise.
Le souffle lui s’amplifie,
Il se fatigue mais pousse la matière à ses limites.
Le poumon s'affame d'air,
La forme se creuse et s'affaisse.