Capture vidéo, Alexandre le Bienheureux [film], Yves Robert, 1968

Capture vidéo, Alexandre le Bienheureux [film], Yves Robert, 1968
18.03.2020
On est confiné pour une durée indéterminée, depuis hier midi. Ça fait deux jours que je ne suis pas sortie du tout. J’ai un peu envie de sentir l’ensemble de mon corps baigné dans l’air frais, ma peau chauffer au soleil. Ça, et me déplacer vraiment dans l’espace sans murs, m’ancrer au sol, ça me donner envie. Ce qui est agréable c’est le confort de ma peau étendue au sol. La surface de l’appartement change à chaque position, je la redécouvre. J’ai oublié ma force, le mouvement de mes pieds, l’équilibre de mon corps debout. Ma respiration. J’ai oublié aussi les bruits directs qui ne sont pas répercutés par l’écho du studio, l’odeur qui a voyagé dans un courant d’air. Je n’ai rien fabriqué depuis un moment, peut-être une semaine. Ça me manque, l’amplitude, la répercussion du mouvement dans le reste du corps. Pour moi, la sensation du corps me vient des mains en premier, le reste du corps se fait sentir quand il s’équilibre pour donner de la force au geste. Le danseur dit démarrer l’impulsion par les pieds. Je crois qu’on peut créer une autre vibration quand il y a un entre-deux : un objet.