Je vois dans certains objets des projections du corps. Des métamorphoses à différentes échelles.
La colonne est l’architecture, la sellette : le meuble, l’amphore : l’objet.
Dans une maison, on les retrouve toutes, sous formes différentes parfois. Plus que leurs noms, ce sont leurs caractéristiques qui importent.
La colonne est verticale, solide, stable, immobile, elle est le mur porteur, le fer à béton. La sellette est posée, surélève sur des pieds, mobile, c’est un tabouret, une chaise, une table. L’amphore est un vase, une théière, un arrosoir, une bouteille, elle se porte et porte en même temps.
Je crois que ce sont des substituts de corps qui me délivrent de tâches que je ne saurais honorer. Mes super héroïnes, toutes au féminin.
La colonne est placée entre la terre et le ciel.
Elle ne peut se retirer, sous peine de faire s’effondrer les nuages.
Son rôle est de porter sans relâche la maison que les hommes ont bâtie.
Elle est le souffre-douleur, condition de leur sûreté.
La sellette se tient droite, debout dans la pièce.
Elle porte avec légèreté l’objet de la victoire.
Elle maintient la vie en hauteur, l’oxygène de la plante à bout de nez.
Mobile, elle cherche la lumière.
L’objet porté en équilibre, loin du danger, près du regard.